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Bien plus haut que la limite de la forêt, dans un coin apparemment isolé de l’Oberhalbstein, dans les Alpes grisonnes, apparaissent des traces d’une production de cuivre durant la Préhistoire: des fosses souterraines, des amas de scories colorées en rouge par la corrosion et de nombreux bas fourneaux. Les recherches de ces dernières années montrent qu’elles résultent d’une intense production de métal autour des 11e et 7e siècles av. J.-C. En lisant le dossier de ce cahier, vous apprendrez comment se déroule exactement la chaîne opératoire, complexe et en multiples étapes, qui vise à transformer le minerai en métal, et quels vestiges ces activités ont laissé.

Une contribution de Camille Linder, lauréate du premier Prix AS, sur les collections jurassiennes d’archéologie et un panorama des luxueuses villae romaines du Mendrisiotto forment la suite de cette édition. Pour terminer, vous découvrirez toute une série d’expositions passionnantes ainsi que des nouvelles brèves de l’archéologie digitale et expérimentale.

Bonne lecture!

Sommaire

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Focus

Dossier

Les récentes recherches de l’Université de Zürich et du Service archéologique des Grisons ont considérablement renouvelé nos connaissances sur la production du cuivre dans la vallée de l’Oberhalbstein (GR) durant la Préhistoire. Grâce à celles-ci, on connaît aujourd’hui cinq sites d’extraction par le feu d’un minerai riche en fer. De nombreux objets en bois, provenant de la zone minière de Cotschens, à 2300 m d’altitude, constituent les découvertes parmi les plus impressionnantes.

Le minerai extrait était fondu pour obtenir du cuivre selon un procédé en plusieurs phases. Grâce à des données précises obtenues grâce pièces mises au jour et aux déchets – les scories – il est possible de reconstruire la chaîne opératoire de la production locale de cuivre.
La phase la plus ancienne d’extraction du minerai est datée de la fin du 2e millénaire av. J.-C. Elle est associée à des établissements dont les habitants devaient pratiquer, en plus de l’agriculture et de l’élevage, des échanges commerciaux de part et d’autre des Alpes. La seconde phase de production, plus intense à la fin du 7e siècle av. J.-C., correspond à une période sans indice d’occupation permanente de la vallée.

Jura

Bien que renfermant plus d’un million d’objets, les collections archéologiques du Canton du Jura ne disposent aujourd’hui d’aucun lieu d’exposition permanent. Elles restent donc en grande partie inconnues du grand public. Or, en 2016, le Parlement jurassien a lancé un concours d’architecture pour la création d’un centre de recherche et de conservation des collections du Musée d’histoire naturelle de Porrentruy (Jurassica Museum). À terme, une extension de ce musée est également prévue. Ne serait-ce pas là le moment idéal pour intégrer les collections de l’archéologie cantonale à cette future exposition? Est-il possible de mêler collections culturelles et naturelles en un même lieu? Autant de questions auxquelles tente de répondre cet article, tiré d’un mémoire de master en études muséales à l’Université de Neuchâtel, lauréat du premier Prix d’Archéologie Suisse.

Villae

Une thèse récemment défendue à l’Université de Neuchâtel jette un éclairage nouveau sur trois villae romaines du Mendrisiotto. L’une d’elles se caractérise par de somptueux éléments décoratifs: tapis de mosaïques, enduits peints, statues et pavages de marbre indiquent sans ambiguïté le haut niveau socio-économique des commanditaires. L’étude des deux autres villae met en évidence une véritable monumentalisation au cours du 4e siècle, au moment où l’installation de la capitale impériale à Milan place la région au centre du trafic commercial et militaire à travers l’arc alpin et attire des couches de population plus aisées.